Autisme : où en est le retard français ?
INTERVIEW : Autisme : où en est le retard français ?
Par Eric Favereau
La déléguée interministérielle sur
l'autisme, Claire Compagnon, fait le point sur les avancées du plan lancé il y
a deux ans par le gouvernement, avant les annonces de demain.
Claire Compagnon est depuis deux ans déléguée interministérielle en charge
de la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l’autisme, lancée en avril
2018. Ancienne militante associative sur le cancer et le sida, elle fait le
point sur la rupture promise par Emmanuel Macron, lors de la campagne
présidentielle.
Y a-t-il des mesures nouvelles sur l’autisme dans
la « grande cause nationale handicap » ?
Oui. Il y a l’élargissement à 12 ans du dispositif de diagnostic, qui, dans
le plan autisme, restait de 0 à 6 ans. Cela va permettre un allongement du
parcours de l’enfant et de prendre en compte des enfants chez qui les troubles
ne se voient que plus tardivement, lors des apprentissages scolaires. C’était
une forte demande des associations. L’autre mesure est d’essayer de mieux
répondre aux situations des adultes autistes sévères. Par exemple de concevoir
des mesures d’aides aux logements pour eux, en obligeant les établissements
médico-sociaux à travailler de façon plus étroite avec les services de santé
mentale.
C’est-à-dire ?
Un grand nombre de ces autistes sévères reçoivent des doses de
neuroleptiques bien trop élevées, ce sont des prescriptions qui sont mal
adaptées, et qui aboutissent à une aggravation de leurs troubles. Les
structures qui les prennent en charge sur l’hébergement ont besoin d’être
renforcées sur le plan médical. Cela va être fait.
Sur l’autisme, comme l’avait demandé le candidat
Macron en 2017, y a-t-il eu un vrai changement ?
Cela bouge vraiment. Sur la question essentielle de la scolarisation de ces
enfants dans les écoles, on assiste à un déploiement plus important de
personnels. L’école acceptant de se faire renforcer par des moyens
médico-sociaux et de disposer d’enseignants mieux formés. Un chiffre ?
L’évolution du nombre d’enfants en situation de handicap scolarisés en milieu
ordinaire a augmenté de près de 50% entre 2012 et 2018. Le changement est là,
réel, avec beaucoup plus d’enfants scolarisés et, surtout, pendant plus
longtemps. Cela leur permet de rentrer dans des processus d’apprentissages, et
cela permet aux parents de reprendre leur vie professionnelle.
Quels sont les blocages plus lourds ?
L’aspect aujourd’hui qui nous met en difficulté renvoie à la complexité
d’un certain nombre de ces adultes, atteints d’autisme sévères, qui parfois
conduisent à des hospitalisations longues en psychiatrie, et c’est très
négatif.
Et sur le diagnostic ?
Sur cette question importante du repérage plus précoce, cela évolue aussi.
Mais nous sommes confrontés aux problèmes de démographie médicale, en
particulier des orthophonistes, des psychomotriciens, des ergothérapeutes, etc.
Ils sont essentiels dans la prise en charge, mais il en manque ou ils sont en
libéral.
Akniyet Bekmukhanbet, Isabel Torres, Maeve Llerandi Jover.
Commentaires
Je pense qu'il est important de lire et de parler de ces sujets. Être informé fait briser les stéréotypes et aide à comprendre la diversité.